Daphnée : « Mon seul guru, c’est la vie ! »
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Portrait de Daphnée Ollivaud
Pour donner ses cours, Daphnée parcourt Paris, tapis volant sur l’épaule. Daphnée enseigne, avec grâce et humilité, une discipline qui lui a sauvé la vie : le yoga. Portrait d’une femme, active et éclatante, qui au delà d’une passion, a fait du yoga sa manière de vivre.

« Installez-vous sur vos tapis. Inspirez. Prenez conscience de qui vous êtes ici et maintenant. Entrez dans votre pratique. Ramenez les mains en prière devant le cœur. ôm. » Quand Daphnée commence ses cours de Yoga, les tensions s’apaisent et les énergies positives envahissent petit à petit la pièce. Sa voix est douce dans les graves et ses mots justes et percutants. Chaturanga, chien tête en haut, chien tête en bas.

Elancée, les cuisses galbées dans ses leggings, bien dans ses bottines camel à frange, petite veste courte sur le dos, Daphnée a une allure de yogi-hippie-chic. « Un ami anglais me surnomme posh-hippie, je trouve que ça me va plutôt bien », confie-t-elle en souriant. Tapis de yoga toujours sur l’épaule, sa frange brune dépasse de son bandana et elle sort ses lunettes mouche au premier rayon de soleil. Petite, Daphnée rêvait d’être danseuse. « Quand maman était enceinte de moi, elle faisait des pointes en se disant qu’elle aurait une petite fille danseuse à l’opéra ! Je suis tombée amoureuse de la danse classique à 5 ans, je voulais faire l’Opéra de Paris, rien d’autre. Quand ma prof a voulu m’y envoyer, j’avais 10 ans, mais mon père n’était pas du même avis. Finalement, quand je regarde mon histoire de vie, je suis revenue au travail du corps. »

Daphnée vit grâce à son corps : « Le yoga c’est très organique, pour maintenir mon équilibre mental et physique, j’ai besoin de pratiquer, et j’ai le luxe de pouvoir en vivre. »

Daphnée grandit au Cellier, dans la région Nantaise. Une maman végétarienne et écolo… « Je mange bio depuis petite, et maman m’a toujours dit de faire attention à moi, de me démaquiller le matin et le soir et de mettre mes petites crèmes ! », dit-elle d’une voix enfantine et gentiment moqueuse. Déjà au lycée, Daphnée a l’impression qu’on la regarde différemment. A 20 ans, elle part pour les Etats Unis, où elle veut apprendre l’anglais. Là bas, une folle histoire d’amour l’attend, aux sons des cuivres et des guitares rock. « Je l’ai rencontré assez rapidement. C’était le soir d’Halloween, il était déguisé en Edouard aux mains d’argent. » Leur histoire dure cinq ans. Baignée dans un milieu engagé, elle fréquente des gens investis dans des causes humaines et écologiques. « C’est cette vie de bohème qui m’a amené au yoga ».

« J’ai toujours été très vivante, aimant la vie, aimant les gens, aimant les voyages, et puis du jour au lendemain, je suis tombée malade ». Daphnée est comédienne quand surgit ce grave accident de la vie, « je ne tenais plus debout, je n’arrivais plus à tenir une cuillère… j’ai perdu la vue, mes cheveux, je ne voyais aucune issue », Daphnée est incitée par sa sœur Laetitia à tenter le yoga. Mais son corps ne répond plus. Elle s’accroche, car le yoga, « c’est l’école de la discipline, de la volonté et de la patience. » Ses cheveux repoussent, son visage retrouve ses jolis traits, ses lèvres se réconcilient avec son sourire et ses yeux noisette en amande pétillent à nouveau. Daphnée retrouve la vie, qu’elle aime tant et qui lui a volé sa trentaine.

A force d’assiduité, Daphnée se rend compte que le yoga lui fait du bien et donne un sens à sa vie : comme une évidence, elle décide d’enseigner. Alors, elle se lance : « quitte à avoir une deuxième chance, autant faire quelquechose qui ait du sens. » Entre Ashtanga et Vinyasa, son cœur balance. Elle choisi le Vinyasa qui offre plus de liberté : « J’aime pouvoir arriver quelquepart, sentir l’énergie d’un groupe et partir sur un flow ».

« Notre mental est peut être capable de nous détruire, mais aussi de nous reconstruire »

Formée chez Gérard Arnaud dans le 11ème, elle continue de suivre ses enseignements chaque semaine. Daphnée a validé ses 500 heures de formation reconnues par Yoga Alliance, qui lui permettent d’enseigner dans le monde entier. Quand elle repense au chemin qu’elle a parcouru, Daphnée sourit délicatement, émue : « Notre mental est peut être capable de nous détruire, mais aussi de nous reconstruire ». Mais le chemin est encore long. « C’est ce qu’il y a de magique avec le yoga, c’est abyssale. Tu te rends compte que tu as une porte, derrière cette porte tu as cinq portes, et derrière ces cinq portes, cinq autres portes…  J’ai encore beaucoup à explorer. Tu ne sais jamais tout. »

Aujourd’hui Daphnée court, vole, vit à 100 à l’heure ! Le matin, râpe langue, eau chaude, eau chaude citronnée, thé vert et huile de coco, « j’en fous partout », sur le corps et en cuisine. A 10h30, elle file donner un court dans une salle de fitness. Midi, cours en entreprise. 15 heures, « Power nap », la sieste réparatrice avant de repartir pour sa tournée de cours du soir. Daphnée tourne à une vingtaine d’heures de cours par semaine, sans compter les trajets et ses huit heures de pratique personnelle : « Je prends le temps, j’ai pas le choix. Pour me ressourcer, me ré-énergiser, et puis, pour mieux redonner. J’ai besoin de continuer mon chemin. » Elle suit aussi l’enseignement de Peter Goss et pratique avec son ami et guide Benoît Le Gourriérec. Daphnée a énormément d’admiration pour ses professeurs, mais aime expérimenter, découvrir d’elle même pour mieux transmettre, en toute humilité, ce qu’elle connaît : « Mon seul guru : c’est la vie ! »

«En Inde, je cours pour aller voir les couchers de soleil comme si j’avais rendez vous avec un mec !»

Trouver du travail n’a jamais été un problème, tout s’est fait de manière très fluide. Toujours dans les bons plans, Daphnée a toujours aimé les gens, et fait très facilement des rencontres. « Quand j’étais petite, ma mère me perdait dans les magasins, elle me retrouvait assise sur la caisse en train de discuter », se souvient-elle. Aujourd’hui, « je suis souvent invitée », dit la fan de rock, encore pleine d’énergie du concert des LSD SoundSystem à l’Olympia. Encore cet été à Ibiza, elle croise la route de Rebecca Hannah, « il y a des rencontres magiques qui te changent la vie », pense-t-elle, déjà deux ateliers yoga programmés ensemble les prochains 18 et 19 novembre.

A l’abattoir végétal, où l’on s’est retrouvé, Daphnée aspire la dernière gorgée de son jus « réminiscence ». Daphnée, c’est l’humour, la force et la sensibilité sous un trait d’eye-liner dessiné jusqu’à la pointe. C’est celle qui tape du pied devant la scène de We Love Green et pleure devant un coucher de soleil. « En Inde, je cours pour aller voir les couchers de soleil comme si j’avais rendez-vous avec un mec ! C’est un des mes spectacles préférés. »

Lion ascendant lion. Le soleil est son élément, « il me chauffe de son énergie, me régénère ». C’est tout ça, qu’elle veut transmettre à ses élèves. Puis, la bienveillance, l’attention et l’amour de l’autre. « Depuis que j’ai retrouvé la santé, je me réveille tous les matins en me disant : merci la vie ! » A travers la discipline et les rencontres, Daphnée trouve sa liberté et tisse sa tribu à travers le monde. « Tout ce qui se passe sur mon tapis, se passe dans ma vie. Quand j’avance dans une posture, j’ai l’impression d’avancer dans ma vie. » Daphnée parle couramment deux langages universels : la musique et le yoga.

 

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Make me yoga
Au Club Montmartrois
Au Festival Syracuse
En Inde !
Le Yoga du Dimanche à La Cantine du 18
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La question Fler :
De qui ferais-tu le portrait ?

“La femme que j’admire le plus : ma mère.”

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