C’est à L’Artiste, bar du 11e arrondissement de Paris, qu’Elisa nous donne rendez-vous. L’Artiste, un choix de lieu peu anodin pour une comédienne : « j’espère que ce lieu vous convient ? Je viens de déménager pas très loin avec mon copain et j’aime bien cet endroit », nous annonce-t-elle. Elisa est une enfant du 11e et du 3e arrondissement dans lesquels elle a grandi et étudié. Une vraie parisienne. Elle s’assoit à côté de nous, croise ses jambes, Reebok aux pieds : « J’ai fait l’intégralité de ma scolarité dans une école uniquement réservée aux filles. Pas de garçon, pas de distraction. » Mais cela ne l’a pas empêché de se poser des questions sur son avenir. Après le BAC, Elisa décide d’entamer une Licence de Cinéma. Pour quoi faire ? Elisa ne sait pas encore, elle est indécise : « la seule chose que je savais, c’était que je voulais être sur les plateaux de tournage », avoue-t-elle.

« le côté parisienne, citadine, grande, blonde m’a permis de poser pour de nombreux magazines »
Avec un père réalisateur et une mère styliste, affronter le monde compliqué du cinéma et de la comédie ne l’impressionnait pas. Le plus difficile pour elle était de réussir à s’imposer sans se faire dicter ses choix. Elle met rapidement le pied à l’étrier en enchaînant des petits postes d’assistante dans des agences de publicité et en aidant à organiser des castings pour des tournages. La jolie blonde est aussi modèle et prend la pose pour des photographes. Mais au bout de quelques mois, Elisa s’envole pour l’Australie avec son petit ami de l’époque pour s’ouvrir à un nouveau monde. À Sydney, Elisa demande à son agent français s’il est possible de continuer de faire quelques shootings au pays des Kangourous, « le côté parisienne, citadine, grande, blonde m’a permis de poser pour de nombreux magazines, même en couverture. C’était incroyable », dit-elle encore étonnée par ce succès rapide et inattendu.

Elle rentre en France après un an, avec un book bien chargé et une motivation sans faille pour conquérir le vieux continent. Désillusion. Jouer la carte de la parisienne ne fonctionne pas autant qu’en Australie. Elisa décide de prendre quelques mois de réflexion. Un nouveau poste d’assistante dans une agence de publicité s’offre à elle. Elle accepte. Les trois années qui suivent sont très formatrices pour la comédienne et lui permettent de participer à des tournages, de voir défiler des acteurs, des réalisateurs, des metteurs en scène et de se rappeler à quel point c’est sur les plateaux qu’elle veut être. Sensible, Elisa se confit : « je suis très émotive et, malgré le fait que cette expérience d’assistante a été très formatrice, je ne me sentais pas à l’aise. J’étais stressée du matin au soir. J’attendais depuis trop longtemps d’avoir la force suffisante pour aller voir ma supérieure et lui dire Ciao Bonsoir ». Elle a pris son courage, et elle l’a fait.
« À l’époque, mon agent me proposait de participer aux castings de Plus Belle La Vie ou encore de Camping Paradis. Je ne voulais pas. »

Comédienne ? « Je pense que personne ne nait comédien. C’est du travail. À cette époque, je ne me sentais pas légitime d’arriver comme une fleur et de me prétendre comédienne. » Alors, Elisa prend des cours du soir à l’Atelier Blanche-Salant. Elle se passionne pour ce métier qui lui permet enfin de s’épanouir et d’être elle-même. En parallèle, ses agents lui décrochent des castings pour des publicités et des courts métrages : « je n’ai pas arrêté de travailler, je continuais de me pointer à des castings pour ne pas perdre le rythme et aussi pour pouvoir survivre financièrement », nous dit Elisa en remontant les manches de son sweat bleu marine floqué “Dance in Paris“. Pour autant, Elisa n’accepte pas n’importe quel rôle : « À l’époque, mon agent me proposait de participer aux castings de Plus Belle La Vie ou encore de Camping Paradis. Je ne voulais pas. » Elisa fonctionne au coup de cœur, elle aime les beaux projets, en adéquation avec ses valeurs. « J’aime beaucoup les courts métrages. Je me sens plus à l’aise et l’ambiance de tournage est différente de celle des longs métrages à gros budget. On sent une envie de bien faire les choses et une vraie passion. »
Maintenant diplômée, Elisa a fait un petit bout de chemin. Après s’être essayée au théâtre, à la publicité, à la comédie, notre fan de Charlotte Gainsbourg et de Juliette Binoche arrive à vivre de sa passion. « C’est un métier instable, mais j’ai encore beaucoup de choses à prouver. Ma seule crainte, c’est mon âge », déclare-t-elle. Pourtant, elle fait 10 ans de moins.
« Si vous aussi vous êtes fille unique, de parents divorcés, votre avis m’intéresse »

Devenir actrice a été un chemin semé de doutes : « je ne sais pas si c’est moi, ou toutes les personnes dans la même situation familiale que moi, qui se posent trop de questions sur l’avenir », nous confie-t-elle. Fille unique de parents divorcés, Elisa a voulu en avoir le cœur net. Il y a quelques mois, elle lance une annonce sur Facebook : « Si vous aussi vous êtes fille unique, de parents divorcés, votre avis m’intéresse ». Elle rencontre alors plusieurs jeunes femmes dans la même situation et se retrouve en elles. « Il y a forcément quelque chose en rapport avec ça, un manque de confiance en soi, une peur de se lancer dans le vide », annonce Elisa, convaincue d’avoir trouvé la clé pour être elle-même. Ces rencontres lui ont donné l’idée d’un court métrage, sur ces filles et ces femmes, pleines de doutes et d’ambition dont elle se veut la porte parole. Affaire à suivre, de très près.